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vous la trouverez dans la facilité donnée à l'exposition des en-
fants. Ces mois de mère et d'abandon ne peuvent se placer face
à face, et si quelques mères se décident à se séparer de l'être qui
leur doit la vie , c'est qu'elles y sont le plus souvent provo-
quées; c'est que des parents, des amis, des voisins, des merce-
naires, se sont chargés du soin officieux de jeter leur enfant
à la charité publique. Rendez les expositions plus difficiles ;
que ceux qui en font un infâme métier puissent être recon-
nus. Supprimez les tours; ordonnez que les enfants aban-
donnés seront reçus le jour et à bureau ouvert, et vous ver-
rez les expositions diminuer.
   Mais lorsque, au lieu d'attaquer le mal dans sa source, vous
le poursuivez dans ses résultats ; lorsque au lieu de réveiller
le senliment maternel, au lieu de ranimer quelques restes
d'une pudeur mal éteinte , au lieu de frapper de crainte les vils
spéculateurs qui font des expositions un odieuxbrocanlage,
vous voulez, par des déplacements d'enfants, briser les liens
d'affection qu'ils ont noués avec leur nouvelle famille, et spé-
culer, à votre tour, sur les sentiments si précieux de tendresse
qui se sont établis entre les patrons etles pupilles; oh! alors
je ne pourrai que protester contre de telles mesures.
   Si vous aviez été , comme moi, témoins des déchirantes sé-
parations dont le bureau des enfants est si souvent le théâ-
tre, vous comprendriez le sentiment qui m'inspire. Je vois
encore le jeune et frais visage d'une fille de quinze ans pres-
ser la joue décolorée et plissée d'un vieillard qui la serrait
dans ses bras; tous deux pleuraient amèrement. Près de là
une homme indifférent était assis et paraissait attendre pa-
tiemment la fin de quelques formalités. Dès que mes fonc-
tions d'administrateur furent connues du vieillard, il se leva,
vint à moi, et me dit d'une voix suppliante : « C'est mon en-
« fant qu'on veut mêler ; cette petite, elle est à moi; c'est
< ma femme qui l'a nourrie de son lail, qui me l'a recom-
 f
« mandée en mourant; c'est moi qui l'ai élevée; je l'ai én-
« voyée à l'école ; jamais elle n'a travaillé la terre ; elle sait