Revue du Lyonnais » série 1 - n°3 ( 1836 ) » pp.507

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 ambitions, aux ambitions démesurées répondent souvent',
 nous l'avons vu de nos jours, des facultés immenses. Ampère
 avait foi à celte universalité , et il vécut de cette foi.
    « Tout le monde sait que sa haute capacité embrassait
toutes les sciences mathématiques et physiques. Mais elle
embrassait aussi l'histoire, la philosophie , la littérature a n -
cienne. La poésie latine fut son délassement favori. L'émule
 de Lerzélius fut aussi celui de Lucrèce.
    « On le v o i t , dans cette intelligence si haute eussent pu
régner l'orgueil du savoir et l'audace de la raison ; mais un
sentiment plus puissant que tous les autres les dominait tous:
c'était une pieuse modestie. A toutes ces investigations scien-
tifiques si h a u t e s , à toutes ces habitudes littéraires si puis-
santes , des convictions e t des pratiques religieuses i m p r i -
maient leur cachet ; elles donnaient au génie d'Ampère cette
grâce du cœur et cette bonhomie spirituelle qui lui faisaient
des amis de tous ceux qui le connaissaient. Si personne ne fut
jamais l'ennemi d'Ampère -, c'est que tout le monde trouvait
dans son cœur, à côté de sa piété pour Dieu, sa piété pour
l'humanité.
   « Ces deux sentiments se fortifiaient l'un par l'autre. Chez lui
la pratique ajoutait à la foi, la foi à la pratique. Confident de
ses pensées pendant ces dernières semaines, comme je le fus
pendant tant d'autres semaines, je ne sais si ses heures les
plus douces furent celles qu'il passa dans l'accomplissement
de ses devoirs de religion, ou celles q u e , traînant un corps
brisé par des veilles si laborieuses, il consacrait aux interro-
gations des jeunes fils de la science.
   « Ces interrogations, il les prolongeait avec délices, et celle
dernière revue de la France studieuse , qui devait marquer là
lin de sa carrière , il brûlait de l'achever. Une grande dou-
ceur se joignait pour lui à ces peines de tous les instants et à
ces fatigues de tous les genres : c'était celle d'un devoir vo-
lontairement accompli et d'une carrière sciemment close avec
le mérite d'un rare dévouaient.
  - A notre d é p a r t , le chef de l'instruction publique lui avait
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