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 Pendant la messe, ils ne fléchissaient qu'un genou, à l'élévation
de l'hostie ; Théodore les en reprit comme d'un respect trop
mesuré pour le plus auguste de nos sacremens. Mais, ayant
cru trouver des esprits indociles, il porta ses plaintes à la Sor-
bonne. Cette faculté , ravie d'étendre sa domination sur des per-
sonnes qu'elle ne savait pas , sans doute, être peu disposées à
la recevoir, épousa les sentimens du délateur élevé dans son
sein. Aussitôt les docteurs se rassemblèrent ; on minuta un dé-
cret ; chacun, brûlant de signaler son zèle pour la sainte Eucha-
ristie, voulut y placer son mot, et voici en quels termes il fut
conçu : « In choro non flectere utrumque genu usque ad terrain,
« sed vel altero genu vel utroque super sellam inniti in eleva-
« tione Sacro-Sancti corporis et sanguinis Christi, error est in-
« tolerabilis , neque ullâ consuetudine possunt excusare qui
« hoc faciunt. Prohibitio verô quâ prohibetur hermi utraque
 « genuflexio est arrogans , impia , schismatica et scandalosa,
« haereticis favens (1). > A l'a première nouvelle de l'anathême,
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les chanoines de Lyon furent également surpris de la hardiesse
de leur doyen et de la mesure de la faculté de Paris. Jaloux d'ail-
leurs de leurs usages et sûrs du respect qu'ils avaient pour un
sacrement auguste que les hérétiques attaquaient ouvertement
dans ces temps malheureux, ils s'adressèrent à la cour et se plai-
gnirent amèrement du décret de la Sorbonne, comme d'un at-
tentat qui ruinait leurs privilèges et contredisait leurs usages. Le
roi, peu au fait d'une dispute de docteurs, renvoya l'affaire à
la décision des cardinaux de Tournon et de Lorraine, les deux
lumières du clergé de France , qui se trouvaient sur le lieu de la
 dispute ; ces deux grands hommes, qu'on ne peut pas soupçonner
 de manquer de zèle pour la religion, puisqu'ils étaient les fléaux
de l'hérésie naissante , examinèrent sérieusement l'affaire. L'in-
compétence des juges , la cérémonie d'élever l'hostie , qui était

  (1) Ce mauvais latin signifie : « Au chœur , ne pas fléchir les deux genoux jus-
qu'à terre , mais s'appuyer d'un genou ou des deux genoux , sur son siège, pen-
dant l'élévation du corps et du sang de Jésus-Christ, c'est une erreur intolérable ,
que nulle coutume ne saurait justifier. L'ordre qui défend dé fléchir les deux ge-
noux est un ordre arrogant, impie , schismatique, scandaleux, et qui favorise
l'hérésie- ».