Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                 178
' plïcité antique ; les vieilles mœurs s'en iront avec lui. Qui sait
 si jusque-là la manie des restaurations ne viendra pas enlever
 même aux édifices leur sainte couleur de vétusté? chacun entend
 le progrès à sa manière. N'ai-je pas vu déjà des maisons aux-
 quelles on a brutalement coupé leur toit pointu et les croisillons
 en pierre jaune de leurs fenêtres gothiques ? Tristes ravages du
 temps qui emporte ainsi, avec les heures dont se compose notre
 vie , tout ce qui alimente nos souvenirs ; vieux usages et vieux
 édifices, caractères et monumens, tout s'use sous sa marche
 pesante. Si du moins le mouvement irréligieux qui accélère de-
 puis plus d'un siècle ce travail de destruction, mettait, à la place
 des ruines qu'il fait, quelque chose qui eût aussi sa poésie,
 on s'effrayerait moins de ses réformes; mais le cœur se resserre,
l'âme se soulève de dégoût en voyant la vie désencHtntée, égoïste
et brutale que la philosophie incrédule ferait au peuple, si elle
réalisait jusqu'au bout ses funestes conséquences. Gloire et cou-
rage à ceux qui, s'efForçant de rattacher le passé à l'avenir, ne
veulent de régénération que par cette sainte et vieille foi qui
avait animé jusqu'ici la société d'une vie si puissante, si poéti-
que ! Quand on aura enfin compris qu'il faut aux âmes des plus
pauvres gens autre chose que ce parlage assourdissant de jour-
nalisme qu'on nomme politique, autre chose que cet ignoble
tripotage d'argent, d'usines et de brevets d'invention qu'on ap-
pelle progrès, autre chose enfin que ce jargon sans autorité et
sans ame qu'on décore du nom de morale ; quand on aura, dis-
j e , compris tout cela, la question sociale se trouvera dégagée
des incidens qui l'entravent ; les intelligences verront clairement
qu'il ne s'agit pas d'autre chose que d'un retour sincère et effectif
au catholicisme : alors le combat ne sera plus qu'entre les pas-
sions humaines et la force providentielle de Dieu.

                                             L'abbé   DACPHIN,
                                       Directeur au collège du Perron.