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162 niissible ni héréditaire; il est le fruit glorieux de leur réputation et de leurs travaux. Une vénalité avare et funeste n'a pas osé en altérer l'honneur ; et l'on ne peut dire à l'enfant faible et dégé- néré d'un homme utile : « Tu viens de naître pour en être revêtu, et devenir notre magistrat. » Ici le bourgeois , tour-à -lour défenseur de son ami, et défendu par lui, contracte cet esprit de patriotisme et de dévouement qui peut s'affaiblir dans des circonstances , mais qui renaît dans d'au- tres, et qui, créé par le régime même de l'établissement, ne peut jamais entièrement disparaître. Heureuse ville , où le génie militaire s'unit à celui des arts , et lui communique son énergie ; où les arts , à leur tour , tempèrent par la douceur ce que peut avoir de trop rude une soldatesque toujours un peu farouche , et propre à effrayer même ceux qu'elle accourt défendre et venger ! L'origine de cette ligue citoyenne, de cette confédération gé- néreuse et utile , remonte au delà du treizième siècle. Lyon gémissait sous une puissance tyrannique. Ses archevê- ques n'étaient pas encore assez éclairés pour être justes. Ils avaient étendu les chaînes de l'oppression sur leurs vassaux. Du haut de Pierre-Scise, où ils avaient établi leur séjour, ils dic- taient impérieusement leurs volontés ; et leurs serfs tremblans venaient au pied du roc menaçant écouter leurs maîtres et obéir. Alors , la féodalité régnait dans toute sa fureur ; alors , toutes les vertus résidaient dans le glaive , et le fer décidait de tout. Dans les jugemens publics et au milieu des camps , il faisait les inno- cens et les coupables, les tyrans et les esclaves. O temps af- freux ! où nos rois chancelans sur leur trône, ne voyaient autour d'eux que de petits souverains perfides et altiers, et des scènes de violence et de carnage ; où la superstition ignorante et barbare élevait des bûchers ; où la guerre, presque toujours injuste, clas- sait les hommes comme de vils animaux, et les forçait à descen- dre sur l'arène pour y combattre et y périr ; où quelques-uns même ne pouvaient porter le bouclier pour se couvrir, et n'a- vaient que le bâton pour se défendre (1) ; où les arts étaient en- (1) lorsqu'on permettait le duel entre les roturiers ou vilains, on ne leur don- nait qu'un bâton., et ils ne pouvaient combattre qu'à visage découvert. C'est