Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                                 63
   Trois jours auparavant étaient arrrivés le duc de Bouillon , le marquis de Cinq-
Mars, écuyer de France, et M. de Thou , conseiller-d'élat, conduits et escortés
par une compagnie de dragons jusqu'au château de Pierre-Scise où ils furent
enfermés et gardés par la bourgeoisie. Peu de jours après M. le Chancelier, ac-
compagné de quelques conseillers d'état et présidens du parlement de Grenoble ,
vint en cette ville pour faire le procès à ces prisonniers d'état qui furent repré-
sentés devant eux dans le Palais-de-Justice, pour subir l'interrogatoire sur les
chefs d'accusation dont ils étaient chargés. Le procès fut instruit rapidement ( i ) ,
puisque, le 12 du même mois, les deux derniers furent conduits du palais à la
place des Terreaux, dans un carrosse, pour subir le jugement. M. de Cinq-Mars
monta le premier sur l'échafaud, où le bourreau, d'un seul coup, lui trancha la
tête. M. de Thou sortit aussitôt après du carrosse, et après être monté sur l'é-
chafaud, sa tête ue fut séparée du tronc qu'après plusieurs coups redoublés. Les
corps furent remis avec les têtes dans le carrosse, et conduits dans l'église des Feuil-
lans, où M. de Cinq-Mars reçut la sépulture, et le corps de M. Thou fut em-
baumé et transporté dans le tombeau de ses ancêtres par les soins de sasœur(2). Le
premier était le plus coupable et méritait le supplice , puisqu'il avait traité avec
les ennemis de l'état; mais on ne peut s'empêcher de plaindre le sort du second ,
dont tout le crime consistait à n'avoir pas révélé le secret de son ami. Le duc
de Bouillon resta prisonnier à Pierre-Scise jusqu'à ce qu'il eut obtenu l'amnistie
de sa faute, et il ne la reçut que sur les offres qu'il fit de céder au roi sa princi-
pauté de Sedan (3).
    Le cardinal de Richelieu partit de Lyon à 2 h. après midi (4) le même jour
de cette exécution ; il remonta la Saône jusqu'au faubourg de Y aise, où il dé"
barqua, et de là, porté dans son lit par douze soldats, il se rendit à Paris où il
mourut le 5 décembre suivant.
   Le roi suivit de près son premier ministre ; sa santé était chancelante depui s

   ( i ) L'instruction fat faite par Jacques Martin sieur de Laubardemont, le môme à qui l'on prête
ce mot atroce et si souvent cité : « Qu'on me donne deux lignes d' un h o m m e , et je me charge de
le faire pendre... «
   (a) Le cœur seul de M. de Thou fat porté à Paris et déposé dans l'église de Saint-André. Quant
à son corgs qui avait été mis dans un cercueil de plomb , il resta aux Carmélites. Voyej les M É -
MOIRES pour justifier M. F. A. de Thou , tome XV, page 179 de I'HIST. UNIV. DE J. A. DE THOU.
Vers les premiers mois de i835, plusieurs magistrats de la Cour royale de Lyon ayant, à l'occasion
d'un procès porté devant cette Cour , été amenés à visiter les caves de la maison bâtie sur l'emplace-
ment où était le monastère des Feuillans , découvrirent un caveau où gisaient douze squelettes. On
en remarqua deux qui avaient la tête placée entre les cuisses ; on pensa d'abord que c'étaient les
squelettes de Cinq-Mars et de Thou ; mais comme il est constant que le corps de ce dernier fût
transporté aux Carmélites, il est très-possible que le second squelette fût celui du sieur Capistan, du
partideMoNStEURjdécapitéà Lyon en septembre î63a.Voyez ci-dessus la première note de la page 6t.
    (3) Mazarin vint exprès à Lyon pour traiter avec Bouillon. Voyez le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE
L'HIST. DE FRANCE, tome I , seconde partie , p. 34 et suiv.
    (4) A 9 heures du matin , et EN MEILLEURE SANTÉ , dit la GAZETTE DE FRANCE.