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vaine le décela àla porte, il fut arrêté et conduit sous cet habit devant l'assemblée
du consulat.
   Le duc de Nemours, de qui l'ambition était peu mesurée à ses forces, et qui
avait cru qu'il pouvait exécuter le projet de se rendre maître de Lyon avec la
mémo facilité qu'il l'avait conçu, se vit au moment de l'exécution le prisonnier de
ceux qu'il croyait opprimer. L'archevêque au contraire, glorieux du succès, fut
revêtu de l'autorité de gouverneur. Ce prélat était peu propre au commandement;
une affectation de fierté et de hauteur qui l'avait suivi partout et qui avait toujours
révolté les esprits contre lui, dégoûta bientôt les Lyonnais. D'un autre côté, le
marquis de St-Sorlin était sans cesse à leurs portes pour venger l'injure faite à son
frère qu'ils retenaient prisonnier. La prison de ce duc ne fut néanmoins pas longue ;
il s'en délivra par un artifice singulier : un de ses valets portait une longue barbe
et des cheveux extraordinairement grands; le duc commanda qu'ils fussent coupés
et qu'on lui en fit faire une perruque avec une fausse barbe. Un jour, après avoir
fait semblant de prendre quelques pilulles que le valet avait prises, il sortit, vêtu
des habits de ce domestique, et déguisé de cette manière, il traversa les trois corps
de garde qu'on avait postés, et échappa ainsi très-facilement, sans laisser aucun
 soupçon de sa fuite. Etant allé rejoindre ses troupes, il harcela encore quelque
temps les Lyonnais aux environs de leur ville, mais sans pouvoir y rentrer (1).
   Si l'archevêque n'eût pas été aussi fortement préoccupé de sa passion pour le
parti de la Ligue, il aurait dû profiter de cette occasion pour faire sa paix, en re-
mettant cette ville sous l'obéissance royale. Cet acte de générosité était non-seule-
 ment capable d'effacer le souvenir du passsé, mais même de lui procurer les avan-
tages qu'il avait espérés inutilement jusque-là; mais il était bien éloigné de prendre
un parti si raisonnable. Une consulta jamais que ses ressentimens particuliers; la
fermeté aurait été dans lui une vertu si elle avait eu pour objet la bonne cause, et
ou ne peut que plaindre son obstination qui corrompit tous les heureux talens qu'il
possédait par le mauvais usage auquel il les appliqua.
   Les Lyonnais, impatiens de rentrer dans le devoir, principalement depuis que
la religion du roi n'y mettait plus d'obstacle, prirent de justes mesures pour faire
réussir cet important projet.
     Un nombre de citoyens des plus distingués s'unirent ensemble pour con-
 duire cette entreprise ; ils lièrent une secrète intelligence avec Alphonse d'Or-
 nano qui commandait en Dauphiné, et s'assurèrent de son secours pour se
 remettre en liberté. Lorsque tous les moyens furent préparés et disposés à cette
heureuse révolution, les chefs de l'entreprise conservèrent encore des ménage-
 mens pour l'archevêque ; et pour lui témoigner leur déférence, ils se rendirent à sa
 maison d'Ombreval pour lui communiquer leur dessein et pour le prier de se mettre

  ( i ) Le duc de Nemours, après avoir été chassé de toutes les places et citadelles qu'il oocùpait, .se
retira à Annecy en Savoie , où il mourut le i3* août i5g5 , accablé de chagrin , ciuoiqu'à la fleur de
son âge.