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488 Ce qu'on fait au Pérou ; ce que pense un Lapon ; Si pour le despotisme ou pour la république Dieu fit la vieille Asie et la jeune Amérique ; Si Rome a des Lucrèce ; et si tous les maris Sont à Pékin hélas ! ce qu'ils sont à Paris ! Tandis qu'exempt ici de regrets et d'envie , Je goûté en liberté les douceurs de la vie, J'irais trouver ailleurs la faim , le froid , le chaud ; A Bysance le p a l , à Madrid le cachot, Et peut-être égorgé , rôti par des sauvages, Nourrir à mes dépens leurs goûts anthropophages ! Je préfère , entouré d'amis et de parens , Une paix toujours stable à des destins errans. Je veux vivre et mourir aux lieux qui m'ont vu naître * Plus l'homme est sage et moins il aspire à connaître \ Sous le plus humble toit logeant les vrais plaisirs , Il étend son bonheur en bornant ses désirs. Ou père ou citoyen , un double instinct lui crie : La famille toujours et toujours la patrie ! » Ces sentimens sont beaux, mais n'exagérons rien : Un défaut quelquefois naît de l'excès d'un bieri. Le respect des aïeux , le saint patriotisme Changent, s'ils vont trop loin , leur culte en fanatisme. Ne jamais faire un pas hors du sol paternel, C'est tourner sur soi-même en un cercle éternel. Je sais qu'il faut un centre où constamment poussées Tendent nos actions, gravitent nos pensées , Comme il faut pour les mers un bassin spacieux , Pour la terre un pivot., un,soleil pour les deux.