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Jacques Leclerc de la Verpillière, chevalier, seigneur delà Verpil-
lière, lieutenant de roi de la province de Guienne, ancien major de
la ville, e t c . , etc. Peut-être se souviendront-ils mieux (car l'his-
toire en fit grand bruit) que Fachevêque ANTOINE II DE MALVIN DE
MONTAZET v o u l u t , une certaine année, essayer de se divertir en y
allant aussi. O r , le prélat ne fut pas plus épargné que les autres
promeneurs. On lui parla de M me de la Roue et de plusieurs de
ses nobles pénitentes^ en des termes tels qu'il ne voulut pas en
entendre davantage et se hâta de faire tourner bride (1)... — C'est
que , nous vous l'assurons, on disait tout à la fête de Saint-Denis :
personne n'y trouvait grâce. On se m o q u a i t , on se plaignait, on
se vengeait à son g r é , et Dieu sait dans quel langage !... Ce qui
n'empêchait pas d'ailleurs qu'on ne m i t , chaque année, des deux
p a r t s , un nouvel empressement à s'y rendre.
    N'est-ce pas un fait bien étrange que cette fête de Saint-Denis
dansées siècles de féodalité brutale , d'esclavage populaire, d'an-
nihilation absolue des masses sous le despotisme de quelques
hommes titrés! Qui sait combien d'émeutes sanglantes ont été
prévenues par ces concessions d'un jour de liberté au milieu de
chacune de ces années de pesante servitude! A jour fixe, le m é -
contentement populaire pouvait, du moins, se déchaîner, se
satisfaire, et cela, sans aucun dommage réel pour les oppres-
seurs qui avaient su amener les opprimés à se venger en riant.
Long-temps la célébration de ces nouvelles Saturnales suffit au
peuple , puis il en vint à comprendre que la vérité était de tous
les jours el que pour être u t i l e , elle devait être dite sérieuse-
ment : le soleil de 89 se leva!... Ce ne fut plus en riant que le
peuple se plaignit aux hommes qui voulaient le maintenir sous le
j o u g , et c'est à genoux et tremblans que ceux-ci l'écoutèrent!
   La Révolution, en émancipant tous les citoyens et en leur
donnant le sentiment de leur dignité, a tué la fête de Saint-
Denis. On ne voit plus aujourd'hui que de bonnes dévotes qui
v o n t , le 9 o c t o b r e , brûler des cierges devant la statue décapitée

   (1) Nos contemporains se rappellent encore avoir vu à cette promenade le car-
dinal Fesch , archevêque de Lyon. 11 n'y fut pas non plus épargné ; mais il prit le
parti d'en rire, et ne quitta point la place comme son devancier l'archevêque
Antoine 11 de Malvin de Montazet,