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363 devenir, étant infiniment bien en cour, n'aurait pas m a n q u é , une fois reçu, d'avoir plus de part q u e L a m o t t e à la pension de Boileau. Il est donc bien aisé de voir que Rousseau, dont les démarches pour entrer à l'Académie étaient connues au café de la veuve L a u r e n t , où plusieurs habitués soutenaient hautement qu'il était indigne de prétendre à cet honneur, avait le plus grand intérêt à se conduire avec sagesse. On avait eu l'atroce méchan- ceté de redonner cours à l'ancienne complainte d'Âutreau ; on avait fait paraître une espèce de Centurie de Nostradamus qui menaçait l'académie d'avilissement si elle ouvrait ses portes à Rousseau : que devait-il raisonnablement faire au milieu de toutes ces basses intrigues? les fouler d'un pied méprisant; car la plus légère imprudence de sa part ruinait infailliblement toutes ses espérances. Eh bien, c'est dans ces délicates circonstances, que Rousseau , qui n'était point un insensé, a u r a i t , n'écoutant que ses ressenti- ment , composé de nouveaux couplets, dirigés non-seulement contre Saurin, Boindin, Lamotte et quelques autres savans ou littérateurs, mais encore contre Mme la contesse de Verriie, le ba- ron d e H o g u e r , officier aux gardes Suisses, le chevalier de La- faye , officier aux gardes Françaises, et sa femme! n o n , la chose n'est pas possible. Le 3 février, sur les onze heures du m a t i n , un p a q u e t , à l'a- dresse de Boindin, est apporté par un décroteur au café de la veuve Laurent ; Boindin ne se trouvant pas au c a f é , on envoie le décroteur à son domicile, rue Garancière, et le frère de Boindin reçoit le paquet. Rentré chez l u i , Boindin ouvre le paquet et voit qu'il s'agit encore d'un envoi de quatorze nouveaux couplets ; il se promet de ne parler de cet envoi à personne ; il se borne seule- ment à prendre de son frère le signalement du décroteur , mais, le soir, au café, il apprend que le paquet y avait été apporté le matin, et le bijoutier Malafaire, en ricanant, lui donne à entendre qu'il en a reçu lui-même un pareil. Quoiqu'il eût été convenu entre Boindin , L a m o t t e , Saurin et Malafaire , de ne rien ébruiter , afin d'arriver plus facilement à la découverte du coupable, Boindin est cependant fort é t o n n é , le lendemain matin, en entrant au café, de voir que tout le monde