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356 De Bérin et de sa séquelle ; Que Pécourt, qui fait le ballet, Ait le fouet au pied de l'échelle. Pour peu qu'on y r e g a r d e , on voit que ce couplet n'est qu'une boutade à la manière d'Alceste, lequel soutient, dans la comédie du Misantrope, que tout faiseur de mauvais vers est un homme pen- dable. Il ne paraît pas que l'intention de Rousseau fût de lui don- ner de la publicité; il se contenta, un j o u r , au café de la veuve L a u r e n t , de le réciter tout b a s , à l'oreille, à son ami Duché, ne faisant pas attention qu'il y avait, dans un coin de la cheminée, une personne qui l'écoutait et qui n'eutrien de plus pressé que de mettre tout l e café dans la confidence. Prenant la chose au sérieux , Boindin crut devoir répondre au couplet par celui-ci .- •>•- Tu le prends sur un ton nouveau , Ta façon d'écrire est fort belle, Tu nous viens parler de bourreau, De valet, de fouet et d'échelle ; La grève est ton sacré vallon , Maître André te sert d'Apollon, (1) Pour rimer avec tant de grâce ; Mais je crains qu'un jour Montfaucon Ne te tienne lieu de Parnasse. Cette réponse grossière de Boindin piqua Rousseau jusqu'au vif. Pour se venger, il composa cinq couplets qu'il ne larda pas d'apporter au café, et qu'il jeta sous les tables. Ces couplets, comme on va le voir, n'effleuraient guère que des ridicules et ne contenaientriende véritablement injurieux contre les personnes, qui y étaient nommées : plût à Dieu que les choses en fussent restées là ! Yoici donc les cinq couplets, dont Rousseau se défendit d'abord assez mal d'être l'auteur, et qu'il finit ensuite par avouer : Que de mille sots réunis , A jamais le café s'épure ; Que l'insipide Dionis Porte ailleurs sa plate figure ; Que , dans son sale cabinet, . • . (1) Le bourreau de Paris, alors, s'appelait Andréjjamson,