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îe petit commerce, les prolétaires ou travailleurs ; se subdivisant
elles-mêmes en fractions plus ou moins diverses, plus ou moins
nuancées. Je vais tâcher de rendre la physionomie particulière
à chacune d'elles.
   La noblesse n'a en réalité de noblesse que le nom, A l'exception
d'une ou deux familles, toutes les antres ne peuvent revendiquer
qu'une origine des plus roturières. Il ne faut remonter ni bien haut
ni bien loin pour en trouver la source. La rue Trois-Carreaux ou tel
autre quartier du commerce a vu croître et naître l'arbre généa-
logique. Ses racines ont poussé dans une caisse, arrosée par
les bénéfices du négoce, et chaque année l'arbre a étendu ses
rameaux chargés de fruits argentins. La fortune, une fois faite,
a été réalisée en biens ruraux ; on a dépouillé, avec le costume
du magasin, la signature sociale., pour prendre un nom de terre
plus aristocratique ; enfin on s'est logé dans un hôtel de Belle-
cour, qui, peuplé de valets en livrées, d'équipages fastueux, a^
fait oublier bien vite les comptoirs enfumés et obscurs.
   Aujourd'hui surtout que les choses extérieures servent de pas-
 se-port, et que par un habit, un chapeau, une livrée s une voi-
ture , par une interrogation des surfaces, l'on vous estime et
l'on vous pèse, rien n'est plus facile de quitter le costume de
Mascarille pour revêtir celui du maître. L'habit répond de
l'homme qui le porte : aussi la noblesse qui s'efforce de sin-
ger à Bellecour le faubourg Saint-Germain, jouit-elle sans con-
 testation des privilèges innocens qu'elle s'est arrogée. Nul ne
s'avise de passer au creuset ses blasons de fraîche date; nul ne
lui rappelle le noviciat de fortune qu'elle accomplit jadis dans
quelqu'une des sales rues de Lyon. Je ne veux pas moi-même
mettre en jeu plus long-temps la quiétude de sa possession-
   La noblesse donc, puisque noblesse il y a, habite presque
exclusivement Bellecour. Au fait, c'est le seul quartier de Lyon
où il y ait un peu d'air, où l'on ne soit pas poursuivi par le bruit
des sonnettes de magasin, et où la fourmillière des travailleurs
ne trace pas perpétuellement son sillon. On y tronve de grandes
et belles*rues, bien droites, bien alignées, des maisons neuves ,
des quartiers vastes et peu populeux, du repos, du calme, enfin
c'est Versailles dans Paris.