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pour la pensée une plus profonde compréhension de la destinée humaine. Cet
homme si vrai, qu'il a,écrit sa vie dans ses ouvrages, et si bien, qu'on se prend
à l'aimer en le lisant, a retracé dans VOLOTTÉ un nouveau progrès de sa pensée
religieuse. Il a peint, comme saint Augustin dans ses CONFESSIONS, l'état d'une
ame épuisée par les désirs ardens de la volupté, cherchant à chaque pas dans le
monde le bonheur d'un tendre attachement, et voyant se rompre tous les liens
passagers de sa vie, se détruire toutes ses espérances. Alors Amaury, l'enfant du
siècle, moins fataliste qu'Obermann, plus intelligent que René, a demandé la
paix du cœur au christianisme, cette grande aumône faite à une grande misère $
il a mis le cilice sur sa chair, le crucifix sur son cœur , et ainsi armé de la foi,
il est venu donner à la dernière mourante les consolations de sa parole. L'action
du roman si simple se dénoue par le seul mot de notre siècle, la croyance. Le
style a pris une allure digne et sévère ; c'est comme un parfum des premiers siè-
cles enfermé dans un beau vase de travail moderne. Le titre de VOLUPTÉ, portant
ainsi une sorte de prétention mondaine, nous avait d'abord étonné. Depuis nous
avons appris que M. Sainte-Beuve n'avait point voulu mettre un nom plus décisif
en tête de son volume, parce qu'il n'est encore qu'une pierre milliaire de sa
grande marche à travers les idées. Ce n'est point la halte définitive de son intelli-
gence , et il eût craint que des âmes vierges encore des souffrances qu'il a éprou-
vées ne s'émussent trop profondément à la lecture d'un livre qui ne leur était point
destiné. Ce titre est donc un préservatif; choisi par le motif, il est encore une
bonne action.
   Je ne parlerai point des PAROLES D'UN CROYANT , parce que cette admirable poé-
sie nous semble tellement décourageante , tellement fausse , qu'elle ne peut que
nuire aux aines croyantes comme aux âmes incrédules; aux unes en leur mon-
trant un acte qu'elles ont appelé une désertion ; aux autres une préoccupation
pour les choses de la terre étonnante dans un homme de Dieu. Au lieu de faire
du libéralisme pour les catholiques, le prêtre eût dû faire du catholicisme pour
les libéraux. N'aurait-il pas également compris son siècle ?
   La critique est de nos jours une puissance nulle, parce qu'elle est mal exercée.
Il ne s'est pas encore trouvé un homme qui l'ait organisée sur des principes
invariables dans leur essence, et progressifs dans leurs déductions. Les Chris-
tophe Colomb ont découvert le Nouveau-Monde , mais l'on n'a pas encore essayé
d'en tracer la route. ^Peu d'écrivains nous paraissent réunir les conditions néces-
saires à l'établissement d'une critique. Sans elle peut-être fera-t-on aussi bien ;
mais l'on ne comprendra point comment on a fait...