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222 vous donc là ? Bon! un beefteack d'ours, peut-être ? Garçon! h o l à ! hé garçon, un beefteack d'ours pour deux! Et il vociférait à plein gosier /frappant la table de son maudit b â t o n . — Chut! chut! lui fis-je aussitôt, pour l'amour de Dieu, silence ! Mais mon gaillard e a criait un peu plus haut : Garçon! garçon! beefteack d'ours pour deux , pour trois ; ce cher abbé en prendra bien sa p a r t ! M. M apparut à la porte ; mais à peine eut-il entendu le mot fatal, qu'il s'enfuit comme une ombre. Notre artiste qui l'avait a p e r ç u , voulut se précipiter à sa pour- suite-, mais je me précipitai bientôt à la sienne et l'arrêtai par sa blouse. —De grâce , mon cher , silence et écoutez-moi ! Il se tut enfin ; je le ramenai près de l'abbé et les mis briève- ment au courant des choses. Je crus qu'il mourrait de rire. — Parfait! parfait! criait-il : ah ! farceur de Dumas ! farceur de M. M ! nous nous retrouverons , va ! Parfait ! parfait ! C'étaientdes exclamations à n'en plus finir : je tremblais que mon hôte eiit oublié ses oreilles quelque part. Quant à l'abbé , il me faisait absolument l'effet d'un homme qui vient de culbuter de trente pieds de haut. Sa simplicité était toute béante devant l'audace de M . D u m a s . — Paix! paix ! messieurs , fis-je soudain, en tressaillant sur ma chaïse. Je venais de distinguer des voix connues. M. T r e m p o l o d , sa m è r e , sa femme, sa sœur et sa fille, mon- taient le grand escalier. Infortuné M. M , pensai-je tout bas ! En effet, M. M qui avec soninslinctde maître d'hôtel, avait flairé de loin la famille anglaise , était déjà auprès d'elle, gra- cieux et plein de zèle. Nous ne pûmes entendre la conversation ; mais je la devinai aussitôt, en voyant M. M remonter précipitamment et traver- ser le grand corridor, le chapeau sur les yeux et les lèvres façon moue. (Patience! bon M. M . . . . . , dis-je en moi : mêffie; et ma famille française qui sera ici après demain ! )