Revue du Lyonnais » série 1 - n°1 ( 1835 ) » pp.161

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  ceux qui croiraient que je prête au noble poète des intentions
  rieuses et malignes tout à fait en dehors de mon caractère ; vous
  verrez avec quelle bonne foi il avertit lui-même ses lecteurs du
  piège qu'il leur dresse. Ecoulez-le : « Mon livre , belles et douces
  « lectrices, c'est un je ne sais quoi de bavard, de         vagabond,
  « d'aventureux , où le principal est souvent sacrifié à l'accessoire,
  « qui cause de tout et de rien , qui vous plaira par quelque chose
 « d'indécis ressemblant assez au clair obscur de vos boudoirs.
 « Adonné à une vie dissipée , peu soucieuse , ne lisant rien, pas
 « même les journaux, n'étant par conséquent pas homme à
 « m'enfermer deux heures dans un c a b i n e t , ne craignez pas
 « qu'il y ait trop de science dans mon livre. Vous y rencontrerez
 « un roman c o u r t , antique de couleur, et tout actuel d'action,
 « q u i , je crois , vous intéressera beaucoup ; mais afin que vos
 « grands yeux noirs , belles et douces lectrices s'abaissent sur tous
 « les chapitres de cet ouvrage , afin que votre front blanc baisé
 « par d'indicibles cheveux fasse ombre sur ses p a g e s , je ne vous
 « dis pas où est le r o m a n ; il faudra le lire pour y trouver ce
 « que vous cherchez toujours dans un livre, une action de senti"
 « ment et d'amour.
    « J'aime à me préoccuper de la pensée que vous ne vous plain-
«  drez pas d'arriver trop tard au b u t ! Vous y trouverez sur nos
«  provinces méridionales quelques pages d'amateur,          d'antiquaire,
«  d'artiste, de poète , saturées de légendes et brûlantes de contem-
«  poranéité , la poésie pure , le style lapidaire de l'archéologue , la
«  période sérieuse et pourtant superficielle du narrateur bénévole ;
«  rien de tout cela ne règne exclusivement dans mon livre ;
«  mais il y a un peu de tout cela mêlé et fondu ensemble
«  comme les cent et quelques drogues qui composent la thériaque
«  ou la confection d'hyacinthe chez les apothicaires !!! »
   Nous terrninerons ici la revue que nous avions entreprise du
roman de M. Bard., persuadée que l'œuvre de votre conviction est
complète après le loyal et naïf aveu que le poète vient de
vous faire sur sa recette pour faire un livre. Nous nous permet-
trons toutefois de signaler la modestie qui lui a fait borner à
cent et quelques les drogues qui composent la Venvs d'Arles !!!
                                          Mlle JANE DUBUISSON.
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