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diverses. Nicolas Cborier, dans sa Vie de Pierre Boissat (1), nous
apprend que Molière fut aussi à Yienne, mais en quel temps!
Je l'ignore , et cet écrivain ne le dit pas. Il rapporte quelques
particularités qui se passèrent en 1641; puis, le fait que nous
allons citer, arrive aussitôt avec des termes qui sembleraient le
rattacher à la même époque ; la date néanmoins serait inconci-
liable avec l'âge que le voyageur avait alors. Quoiqu'il en soit,
voici ma traduction :
   « Jean-Baptiste Molière , acteur distingué et excellent auteur
de comédies, était, vers ce temps-là, venu à Yienne. Boissat lui
témoignait beaucoup d'estime. Il n'allait pas, comme certaines
gens qui affectaient une sotte et orgueilleuse austérité, il n'allait
pas disant du mal de lui. Quelque pièce que Molière dût jouer,
Boissat voulait se trouver au nombre des spectateurs. Il voulait
aussi que cet homme distingué dans son art, prît place à sa table.
Il lui donnait d'excellens repas , et ne faisait point comme font
certains monstres , ne le mettait point au rang des impies et des
scélérats, quoiqu'il fût excommunié (2). Cette affection pour Mo-
lière, cette passion pour les comédies, finit par susciter une
grave querelle à Boissat.
    « Il avait fait retenir plusieurs places au théâtre, parce qu'il
devait conduire des femmes de distinction et des jeunes filles à
une comédie que Molière avait composée. Deux ou trois de ces
 places avaient été, par hasard , louées à Jérôme Yachier de Ro-
billas(3) ; Boissat néanmoins les obtint toutes, sans difficultés,
 à cause de son mérite, de son Crédit et de la distinction des fem-
 mes qu'il devait amener. Yachier se plaignit qu'on lui eût fait
 injure, et il pensait qu'il y avait là préméditation. Cet homme
 joignait à de belles formes extérieures, un esprit vif et pénétrant,
 une grande force d'ame ; tout était noble en lui, excepté la nais-


    (1) De Pétri Boessatii, equitis et comitis palatini viri clarissimi, Vità amicisque
littevatis, libri duo, Nicolai Choreri Viennensis. Grenoble) Fr. PKOVENSAL, 1680,
in-12.
    (2) On sait que l'Eglise réprouva toujours la profession de comédien.
    (3) De Septème auprès de Vienne. Voyez la clé des noms propres à la fin de
 la VIE DE BOISSAT.