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  il a, par hasard, jeté quelques lignes dans les journaux de son
  département ; s'il pouvait n'être pas lui en parlant de lui ; impos-
  sible... on a une manière ; un faire indépendant de la volonté, on
  le porte avec sa tète et sa main , il coule sous la plume en s'échap-
  pant de l'imagination.
      Commençons, dit-il ; voyons... relisons ce poème de sang-
  froid , avec calme... avec le désir de le trouver mauvais... comme
  s'il était d'un ami à qui on presse la main et qu'on rabaisse le
 plus possible dans un article anonyme... Yoilà une expression
 bien hasardée... la pensée est b e l l e , c'est v r a i , mais n ' i m p o r t e ,
 c'est trop hardi. Voilà une tournure équivoque... Ah ! ah! la gram-
 maire est torturée... je ne vous passerai pas celle-là, et un bon
 coup de p a t t e , bien m a l i n , comme parfois... quand... c h u t , ne
 trahissons pas les secrets du petit cabinet; fouettons, mais qu'on
 ignore... et puis... Oh ! bon dieu ! suis-je sot ! j'oubliais que c'était
 pour moi ; la méchanceté, quand on écrit, c'est donc épidémi-
 que? Ah! voilà qui est b i e n , très-bien. Si je citais un p e u ! . .
 Oui ; mais il faut y préparer le lecteur, afin que les vers frappent
 davantage ; c'est cela ; il faut piquer la curiosité; c'est bien cela !
 Maintenant les vers... ils y sont; à présent l'éloge. Mais le m o r -
ceau suivant est bien joli, si je le mettais , hein !.. ma foi, oui.
 C'est un peu long ; qu'importe ! maintenant quelques bonnes
louanges; je n'oserai jamais... bah! mes amis lisent les journaux,
mes ennemis aussi... Oh! si ces derniers pouvaient sécher de
dépit!., renforçons Féloge. Si Ton pouvait voir ce numéro dans
les sociétés où je vais , dans les magasins devant lesquels je passe!
Si, en revenant de Paris , j'étais sur le bateau à vapeur l'objet de
l'attention! Si je pouvais e n t e n d r e , en passant devant un c a f é ,
là, en débarquant: c'est lui, tiens, le voilà ! qui ? Ernest, l'auteur
de ces beaux vers que nous lisions l'autre jour, tu sais... comme
mon cœur se gonflerait!
   Puis tout-à-coup il vint à se souvenir de sa meilleure a m i e ,
d'une jeune Catalane aux beaux yeux noirs, qu'il avait tant ai-
m é e ! . , qu'il regrettait encore... une tête exaltée, une imagi-
nation v i v e , une a m e , oh! une ame surtout qui comprenait son
poète. On les avait séparés... il l'avait fallu... le devoir!... Mais le
cœur de la Catalane respirait tout entier dans ses lettres. C'est