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                          DE LA l'UESSE   MTTÉ1UIKE.




   La presse littéraire , suivant notre pensée , est non-seulement
possible , mais elle de plus une nécessité sociale.
   N'est-ce pas un fait que la polémique des partis a perdu quel-
que chose de l'intérêt qui s'attachait à e l l e , à l'époque où les
débats parlementaires étaient si animés ? N'est-ce pas un fait,
non moins avéré, que l'état général des esprits par rapport aux
questions législatives , s'il ne ressemble pas à l'indifférence , est
bien loin au moins de l'enthousiasme et de la ferveur ? Qu'est-ce
à dire pourtant ? La vie sociale est-elle éteinte ? et les h o m m e s ,
raccornis dans leur égoïsme , ont-ils renoncé à considérer les
affaires publiques comme leurs propres affaires? N o n , sans doute :
les hommes ne sont pas plus étroits ni plus mauvais aujourd'hui
qu'à une autre époque. La vie sociale n'est pas éteinte : seule-
ment le point d'énergie et de concentration des forces se trouve
changé.
   Qu'on ne nous dise donc pas qu'il estmaladroit de vouloir faire une
journal spécialement littéraire ; car les questions littéraires peu-
vent aujourd'hui prétendre a exciter de préférence l'attention
publique, précisément, parce qu'elles sont devenues des ques-
tions d'intérêt social ; c'est un fait qu'il faut bien c o m p r e n d r e ,
 et que nous allons expliquer.
    Il y a deux choses également bonnes et utiles dans les affaires
de la vie p r i v é e : d'abord, se préserver du m a l , et ensuite, et
surtout, rendre son sort le meilleur et le plus agréable possible,
se conserver et puis se développer. Il eh est de même dans la vie
des nations : c'est à regret q u e , soit dans leur propre sein , soit
au dehors , elles se mettent sur la défensive. Une fois la sûreté
garantie, elles dirigent toute leur activité vers les travaux qui en-
richissent, vers les arts qui élèvent l'ame et embellissent la vie.
Alors, la politique proprement dite , qui touche à des intérêts de
haute importance , mais qui cependant, est étrangère aux inté-
rêts de la vie quotidienne et pratique , n'occupe plus une place