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UN HUMORISTE LYONNAIS 275 vait poser qu'une jambe sur deux, les Crèches de Noël, le dimanche des bugnes, les promenades du carnaval, les joutes nautiques sur la Saône, la vogue des Choux pour les jardiniers de la presqu'île Perrache, les exploits des baigneurs aux bêches près du Pont de Pierre et de la Mort-qui-Trompe! Que de détails instructifs il nous fournit sur le patois des indigènes, patois que mons Guignol, son compère Gnafroii et Madelon, sa sentimentale moitié, ont élevé à la hauteur d'une langue classique ! Quel soin il apporte à la recherche et à l'explication des étymologies qu'il cite! Combien je luisais gré personnellement dupetit lexique, annexé à son livre sous ce titre engageant de : « Guide-Ane, à l'usage des bonnes gens qui ne sont pas natifs de Lyon, pour l'intelligence de quelques mots de cet ouvrage. » Etre à la fois savant et spirituel est chose assez rare, et c'est un des cas que la loi du cumul n'a pas encore Visé. * En 1880, Nizier donna une autre œuvre qui relevait également de l'histoire locale : c'était un volume, d'une étendue modérée, qui avait pour titre -.Marie-Lucrèce elle grand couvent de la Monnoye, enrichi d'un plan colorié par M. Vermorel, tiré seulement à deux cent vingt-cinq exemplaires et imprimé avec luxe, comme les trois ouvrages précédents. Cette Marie-Lucrèce était la propre sœur, la sœur consanguine du François de Mornieu dontil s'agissait plus haut; le 28 juillet 1662, elle fut admise au « grand couvent de Sainte- Ursule de la Monnoye de Lyon ». Nous avons déjà parlé de cette tendance irrésistible, qui pousse l'auteur à agrandir et à approfon- dir tous les sujets qu'il aborde : d'un petit fait, d'un incident assez ordinaire, il remonte de proche en proche aux causes, aux circon- stances, au milieu où le fait s'est réalisé et, en chemin, il opère de curieuses trouvailles, il recueille des particularités intéressantes, il répand une vive lumière sur la matière, quelquefois très simple, qu'il lui a plu d'étudier. Ainsi, ayant eu par hasard entre lès mains le contrat de réception d'une Ursuline du dix-septième siècle, il a eu la fantaisie de reproduire pour lui-même et pour autruj une de ces scènes de l'ancien régime, dont nous aimons main- tenant à nous représenter l'aspect d'un peu loin.