Il nous faut encore dire un mot du pli Watteau, toujours bien accueilli dans la composition des robes du soir, auxquelles il donne une allure « grande dame » qui ne pourrait être égalée par aucun autre ornement. Son succès ne s'arrête pas là. Il décore les vêtements de dentelle, les pèlerines, les petits collets, les mantes courtes ou longues, les capes de voyage, voire quelques robes d'enfants. Et ce n'est pas tout : il donne une forme exquise à la robe de jour s'il est bien posé, en mourant, à la chute de la taille, se continuant en une traîne sinueuse des plus élégantes. On le prodigue, c'est certain, et toutes les inventions ne sont pas également heureuses; aussi me semble-t-il de mon devoir de mettre en garde les-femmes qui o t quelque embonpoint, contre l'abus du pli Watteau sur les vêtements courts; il est d'ailleurs détourné là de ses origines; on n'a qu'à consulter, pour s'en convaincre, les gravures du temps.
S'ilest adapté à une robe ou bien à une mante de forme allongée, même à une redingote longue il s'en fait ainsi il peut être aussi bien porté par une femme très épanouie de formes que par une femme svelte, mais hors ce cas je ne le conseille que pour les tailles minces. Cette question de maigreur et d'embonpoint préoccupe tellement les femmes, au point de vue de la toilette (nous en- avons les échos tous les jours dans la correspondance), qu'il nous parait utile d'en dire quelques mots. La mode est aussi favorable à ce genre qu'à l'autre; il s'agit seulement de bien la comprendre. Prenons la jaquette, par exemple, qui est un vêtement simple; la femme très mince peut la porter impunément fermée du haut en bas ; pour une taille ronde et des hanches développées, la veste ouverte avec revers, diminuant pour la vue la largeur des devants et laissant voir la robe dans toute sa hauteur, est plus favorable. Je conseillerai de même le plastron ou le gilet, le corsage très ajusté, de préférence aux chemisettes bouffantes, aux. coquilles, tout ce qui fait volume en un mot. Derrière, on peut encore faire la veste ouverte jusqu'à la taille, ce qui allonge, puisqu'on aperçoit la jupe jusqu'à la ceinture. Pour les formes rondes donc: l'étoffe tendue, du collant, du plat et encore du plat, des ornements en application et pas de froufrou dans le haut. Pour les tailles minces, élancées, on procède contrairement, et la mode fournit .tous les « élargissants» les plus élégants : des pèlerines froncées, des berthes, des bavettes, des jabots, des chemises-blouses, des noeuds à grandes coques, etc., etc. Il y.aurait là presque un petit cours à faire sur l'art de s'habiller. Le choix des étoffes n'est pas indifférent non p us ; les rayures et l'uni amincissent, tandis que les dessins chargés donnent plus d'ampleur.