Sommaire :

    L’armée russe en campagne

    L'armée russe comprend : 1° l'armée régulière ; 2° les Cosaques ; 3° les troupes indigènes du Caucase ; •4° la milice (Opoltchénié).

    I. — L'ARMÉE RÉGULIÈRE compose la principale force militaire de l'Empire russe. Le recrutement se fait d'après les lois spéciales du 1er janvier 1874 et du 1er juillet 1888.

    La durée du service dans l'armée de terre est de dix-huit années : cinq dans le service actif, et treize dans les réserves. La milice (Opoltchénié) est destinée, en cas de guerre, à venir en aide à l'armée active, et se compose de tous les sujets russes de vingt et un à quarante-trois ans, capables de porter les armes et qui ne sont pas rentrés ou qui n'ont pas servi dans les rangs de l'armée. Les officiers retraités sont, dans ce cas, rappelés au service jusqu'à l'âge de cinquante cinq ans. Les hommes qui font partie de la milice se divisent en deux classes. Dans la première, qui est destinée à remplir les rangs de l'armée active, en cas d'épuisement des réserves, sont compris les individus désignés pour cette catégorie : 1° par le tirage au sort ; 2° à leur départ de la réserve de l'armée active.

    Dans la seconde classe, qui ne sert qu'à former la milice proprement dite, sont comprises les personnes refusées pour le service au tirage au sort, et versées dans cette seconde classe.

    La première classe est appelée sous les drapeaux par des oukases (décrets) donnés au Sénat, et la seconde par des manifestes impériaux.

    Les quatre plus jeunes classes de la milice peuvent être appelées à faire un service temporaire, mais pas plus de deux fois dans le courant de ces quatre premières années, et chaque fois, de pas plus de six semaines (1).

    La milice appelée sous les drapeaux forme des unités militaires comme l'armée active.

    La tenue des contingents de cette milice à fournir par les différentes circonscriptions territoriales est aux frais de chaque district. Elle est déterminée par les autorités locales, et doit être uniforme pour tous les hommes d'une même circonscription. La couleur choisie pour les vêtements peut être le noir, le vert foncé, le bleu foncé, le gris ou le brun. Toutefois toutes ces troupes doivent avoir des pattes d'épaule rouges (pagons), portant le numéro de chaque corps, une ceinture rouge et une croix sur la coiffure. Quant à la coupe des effets, elle peut être, pour les hommes, différente, suivant les circonscriptions ; mais tous les officiers doivent porter la tunique (moundir), de forme prescrite pour l'armée active, quoique de la couleur adoptée pour leurs hommes. Les officiers ont le collet et les pattes d'épaule de la môme couleur que leur tunique, mais ornés de galons d'or. Le ministre de la guerre a le droit, dans le cas où des raisons politiques, militaires, et même de climat, l'y obligeraient, de garder au service actif, avec l'autorisation de l'Empereur, des soldats, même après l'expiration de la durée de leur service, et cela, pendant une période de six mois ; mais le temps passé en plus de leur service légal par ces soldats du service actif, leur est compté double pour la durée de leur service dans la réserve. L'armée régulière comprend :

    1° l'armée de campagne ; 2° l'armée des forts ( Kréposné ) ; 3° l'armée des places (Mesné); 4° les réserves ; 5° les cadres de l'armée (Zapasné); 6° les services auxiliaires.

    1. L'ARMÉE DE CAMPAGNE. — La mise sur pied de guerre des différentes parties de cette armée, se fait en ajoutant des officiers en petit nombre (sous-lieutenants et lieutenants de réserve), et des soldats aux régiments déjà existants.

    A. —• INFANTERIE. — Cette arme se compose de divisions d'infanterie, de brigades de tirailleurs et de bataillons de la ligne.

    Les divisions d'infanterie sont au nombre de 48 (trois de la garde, trois du corps des grenadiers de Moscou, une de grenadiers du Caucase et quarante et une divisions d'infanterie). Chaque division comprend deux brigades, chaque brigade deux régiments, chaque régiment quatre bataillons, chaque bataillon quatre compagnies. Dans chaque régiment il y a donc seize compagnies. La description des uniformes de l'armée russe a été réglée par une ordonnance de l'empereur Alexandre III, en date du 14 novembre 1881. Ce règlement a, d'une part, introduit une notable économie dans l'habillement des troupes, de l'autre, imprimé à leurs uniformes un caractère plus national. La tunique est de nuance vert foncé. Elle est pourvue de deux devants qui se croisent sur la poitrine, celui de gauche se fermant par-dessus celui de droite, au moyen de cinq agrafes. La tunique (moundir) ne comporte que deux boutons, un sur chaque épaule, pour fixer les pattes d'épaule [pagons). Le collet est coupé droit, mais flexible ; il est bordé d'un passepoil. La tunique est légèrement froncée à la taille et pourvue d'une martingale par derrière ; elle a l'apparence d'une blouse. Les soldats portent autour de la taille un ceinturon : les officiers une ceinture en drap de la couleur du collet de la tunique. La coiffure consiste en un bonnet de fourrure de forme ronde : chapka. Ce bonnet est confectionné en peau d'agneau noire et garni d'un calot en drap de couleur variable suivant les différentes armes. Toutefois c'est plutôt une coiffure de parade. Dans les circonstances ordinaires et surtout en campagne, on ne porte que le bonnet de police [fourachha). Cette coiffure est plate et ronde, en forme d'assiette; elle est confectionnée en drap noir avec bandeau de couleur variable. Ce bandeau porte la cocarde et le numéro du régiment imprimé en couleur.

    Le pantalon est assez large en haut et va en se rétréeissant vers lebas qui est toujours rentré dans la botte. La capote (chinel) est en drap gris. Comme la tunique, elle se ferme, non pas au moyen de boutons, mais par des agrafes, au nombre de quatre seulement. Le collet est orné d'un écusson de couleur tranchant sur le fond : ce collet est rabattu. Cette capote est pourvue de pattes d'épaule de même nuance que celles de la tunique. A la capote est suspendue un bachelek en étoffe de poils de chameau, formant capuchon et galonné de jaune pour les soldats, d'or ou d'argent pour les officiers.

    Dans le service ordinaire, toutes les troupes russes, même les officiers, portent, pendant l'été, des vêtements de toile pourvus des insignes distinctifs de chacun (kitils). Les officiers ont, comme marque de service, la ceinture d'argent avec fils jaunes et noirs. Les officiers de cavalerie portent en outre, dans ce cas, une giberne suspendue à un baudrier doré ou argenté.

    Dans toutes les armes, les officiers sont armés du revolver dont le cordon passé autour du cou est en fils d'argent, et du sabre légèrement recourbé à fourreau de cuir porté en bandoulière par une bretelle d'or ou d'argent en grande tenue ; de cuir verni en temps ordinaire.

    La tunique de l'infanterie de la garde est garnie d'un passepoil de couleurs distinctes correspondant aux différentes divisions. Le collet, les parements, les pattes d'épaule sont également de couleurs différentes suivant les divisions. Il n'y a pas de numéros de régiment sur les pattes d'épaule. Le bonnet porte comme ornement la cocarde et l'étoile de Saint-André. Quelques-uns des régiments portent une banderole en métal portant découpés le nom et la date d'une bataille où s'est distingué le corps.

    Outre le bonnet, dans le régiment de Pawlowski, la 1ère compagnie du 1er bataillon, dite compagnie de l'Empereur, porte un haut bonnet conique en drap blanc et rouge, à plaque de cuivre, en souvenir de la coiffure que portait ce corps à sa création par l'empereur Paul, en 1790. (A suivre).

    (1) Le premier appel sous les drapeaux de la première classe de milice a été fait l'année dernière par Prikas (ordre) de S. M. en date du 21 février 1891 et a réuni sous les drapeaux pendant six semaines quatre-vingt mille hommes de milices.

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