L'arrestation de Ravachol
Le Progrès a rapporté dans tous ses détails la dramatique arrestation de Ravachol, qui met fin à une longue série de crimes contre les individus et contre la société. La gravure que nous publions en première page est la reproduction exacte de celle scène. Le bandit est résolu à lutter jusqu'à la mort avant de se laisser prendre, mais M. Dresch, commissaire de police du quartier, auquel le jeune garçon marchand de vins Lhérot a indiqué le dangereux malfaiteur, a fait le sacrifice de sa vie, et il se fera tuer plutôt que de reculer devant le devoir qui lui incombe. Ses garçons de bureau engagent, en même temps, une lutte acharnée avec Ravachol; mais s'ils ont pu l'empêcher de se servir de son revolver, il reste au redoutable dynamiteur sa force musculaire, qui est considérable, sa farouche énergie, doublée du criminel sang-froid dont il a fait preuve en allant déposer la bombe de la rue de Clichy.
Force reste à la loi : après une étape au poste du quartier, l'assassin de l'ermite de Chambles va être dirigé sur la Conciergerie. Il appartient à la justice, qui instruit actuellement son affaire. Le véritable nom de Ravachol est Léon Léger ; il est originaire de Saint-Etienne et, dans cette ville, il a toujours été l'un des anarchistes les plus fervents et les plus audacieux, ne travaillant presque jamais et faisant la vie dure à sa vieille mère, avec laquelle il habita pendant sept ans. C'est à l'expiration de celte période qu'il assassina 1'ermite d' Chambl's et lui vola les trente mille francs qu'il avait amassés sou par sou. On se souvient que le Progrés illustré a publié une série de gravures sur ce crime. Arrêté, il a pu échapper aux cinq agents de police qui le conduisaient en prison ; il est parti pour Paris, et c'est au moyen de la somme volée qu'il a pu former une véritable bande d'anarchistes, fabriquer de dangereux explosifs et terroriser pendant un mois la capitale.