Tout Lyon au Bal des Etudiants (12 mars 1802
Si on pouvait en effet lever le masque et le domino voilant les personnalités qui se rendent à cette merveilleuse fête, on s'apercevrait que tout ce que Lyon compte d'hommes connus et de « belles et honnestes dames » s'y coudoie, s'y interpelle, s'y trémousse et s'y amuse.
C'est donc ce soir-là, au Théâtre-Bellecour, sous les éblouissantes lumières une mêlée joyeuse et multicolore où tout Lyon vient prendre sa part d'un plaisir qu'ennoblit la Charité.
Nous donnons dans ce numéro plusieurs croquis pris au bal méme et qui viennent heureusement compléter ceux que nous avons déjà donnés à la même époque il y a un an.
Voici d'abord la série des travestis qui ont obtenu le plus de succès (n° 2). Le dessin n° 5 représente le foyer pendant le bal. C'est là qu'on vient respirer un peu d'air frais et se reposer des bousculades, des quadrilles fous, des batailles de fleurs et de confetti qui se passent dans la salle. Incessamment renouvelée la foule y défile. Nos lecteurs reconnaîtront facilement parmi tous ces visages celui de Sarrazin, le poète aux olives. Dans les couloirs (n° 6) les habits noirs se pressent en encombrant les portes. Quand passe une jolie femme galamment costumée, c'est alors un échange de propos gaulois, un peu roulants de plaisanteries alertes.
Un étudiant, béret sur l'oreille, sert de cavalier à la plus élégante fleuriste du bal : « Demandez messieurs les jolis bouquets de violettes, bien chers... »
Un peu plus loin (n° 8), toujours dans le couloir, des jeunes gens très lancés entourent deux jolies femmes aussi peu vêtues que possible, et leur font un succès mérité par leur « académie ».
Enfin le jour commence à poindre. Les quatre plus enragés danseurs et danseuses (7) se lancent dans le quadrille final, qui termine brillamment et hardiment la plus belle fête de l'année.