Padlewski
Il y a quelques temps , des députés des Etats-Unis annonçaient que Padlewski, le meurtrier du général russe Seliverstof, s'était suicidé à San-Amtonio (Texas), où il vivait sons le nom d'Otto Hauser. On vient de recevoir confirmation de cette nouvelle. Un de nos confrères a publié au sujet de cette mort de curieux renseignements : Padlewski, raconte-t-il, sétait épris de la femme d'un de ses amis, réfugié russe comme lui.
Il l'aima follement, avec cette passion nerveuse et maladive qu'il apportait dans tous ses actes ; mais comme elle était mariée, il l'aima silencieusement, sans autre espoir que de s'entourer, à ses yeux, de la gloire spéciale du fanatisme.
Le projet de tuer Seliverstof est né de ce sentiment autant que de la rancune politique contre l'ex-chef adjoint de la 3e section russe. Ne pouvant vivre avec sa passion sans issue, il voulait du moins mourir paré  pour celle qu'il aimait et dont le fanatisme égalait le sien  de l'auréole des martyrs de la foi nihiliste.
Sa vie était sacrifiée L'heure, le lieu du meurtre, tout le prouve. Et c'est par un concours de circonstances inouïes qu'il ne fut pas saisi dans la chambre méme où l'acte s'était accompli, et où il attendait depuis vingt minutes qu'on vint l'arrêter.
Nos lecteurs ont encore présent à la mémoiré les détails de la fuite de Padlewski après son crime. Après être resté caché pendant quelques jours à Paris, il passa la frontière italienne et se rendit à Palerme. Il s'embarqua ensuite pour Malte puis pour Gibraltar, où, sans argent, sans relations, il mena une existence lamentable.
De Gibraltar, Padlewski se serait rendu à Londres, où il serait resté quelque temps, puis à New-York. Traqué par la police américaine, il aurait passé dans le Texas. Là, sous le nom d'Otto Hauser,il fut employé dans une grande exploitation agricole. La sécurité était revenue, la sécurité matérielle, mais en proi' à une maladie nerveuse, à des irritations, à des hallucinations, il ne voulut pas rester.
Il quitta la ferme et rentra à San-Antonio. où il se loua à un certain M. Engelke, chez lequel il resta jusqu'au 4 octobre.
Quelques jours après, il résolut d'en finir avec la vie et se déchargea trois coups de revolver dans la tête.





