Sommaire :

    M. Boudouresque

    Parmi les artistes aimés du public lyonnais, il n'en est assurément aucun qui jouisse parmi nous d'aussi vives et d'aussi unanimes sympathies que l'éminent chanteur dont nous avons le plaisir de publier le portrait. Ces sympathies semblent s'accroître d'année en année, on vient d'en avoir de nouvelles prouves au cours de cette série de magnifiques représentations qui vient de se terminer un Grand-Théâtre par le plus éclatant des triomphes.

    M. Boudouresque, que beaucoup considèrent comme un enfant de la Canebière, est né à la Bastide-sur-l’Hers (Ariège). Venu de bonne heure à Marseille, il y fit ses études et entra dans les chemins de fer. Etant tombé au sort, il servit dans l'artillerie, puis retourna à Marseille où, tout en remplissant des fonctions administratives, il s'adonna à son goût pour la musique et se fit admettre au Conservatoire.

    Il venait de remporter un prix de chant lorsque M. Ambroise Thomas, l'ayant entendu, fut frappé de sa belle voix de basse et l'engagea à aller à Paris. Un grave refroidissement qui altéra sa voix pour quelque temps, ne lui permit pas de donner suite à ce projet.

    M. Boudouresque avait depuis acheté un de ces beaux cafés dont Marseille est si fière, lorsqu'une circonstance fortuite vint enfin le lancer dans la carrière du théâtre.

    En 1874, le baryton Maurel, ayant voulu faire jouer à Marseille l'Ernant de Verdi, et ne trouvant pas dans sa troupe un chanteur qui put remplir d'une façon satisfaisante le rôle de Silvo, pria Boudouresque, dont il avait entendu la voix puissante, de lui venir en aide.

    M. Boudouresque consentit ; en quinze jours il apprit le rôle qu'il devait chanter en italien, et son succès fut si grand qu'il se décida à se rendre à Paris où M. Halanzier, directeur de l’Opéra, l'engagea immédiatement pour trois ans, à partir de janvier 1875.

    Il débuta dans le rôle du cardinal de la Juive où il s'affirma tout d'abord comme un excellent chanteur. Il joua ensuite dans Guillaume Tell, dans la Favorite, dans les Huguenots et enfin, en 1876, dans Bertram, de Robert le Diable, où il obtint un succès colossal. Il est resté sans rival dans l'interprétation de ce terrible rôle, si difficile à la fois au point de vue dramatique et au point de vue musical, et dont il a fait une création artistique superbe, incomparable.

    Lorsque MM. Ritt et Gaillard furent nommés à la direction de l'Opéra, M. Boudouresque crut devoir quitter ce théâtre, et c'est depuis lors qu'il s'est fait entendre sur les principales scènes de province et de l'étranger. Il revient de Rome, où il a remporté, à l'Argentina, de très beaux succès, et en quittant Lyon, il va se rendre à la Scala de Milan, où il est toujours fort goûté et acclamé...

    En été, M. Boudouresque se retire volontiers dans sa jolie villa de la Malmousque, aux environs de Marseille, à moins qu'il n'explore la Méditerranée sur son yacht, dont il est lui-même le capitaine, croquant de-ci de-là quelques jolies marines, dont plusieurs ont eu les honneurs du Salon parisien.

    droit d'utilisation : Licence Ouverte-Open Licence

    Retour