Sommaire :

    La mode

    Sous le nom de mantes, la mode nous offre un nombre très varié de modèles, dont les uns sont courts et les autres très longs ; le choix en est surtout déterminé par le goût, mais leur destination y est aussi pour quelque chose. Le manteau de promenade, lorsqu'on ne quitte pas la voiture, est généralement plus long et prête à plus de fantaisie; les uns et les autres sont doublés d'une façon charmante avec des soies claires dont le ton doit taire valoir la nuance de la soie du dessus.

    Il nous faut arrêter les points principaux qui vont se retrouver sur la plupart des vêtements : c'est d'abord la manche épaulée, et quand je dis manche, j'entends aussi bien la vraie manche de corsage et de veste, que celle qui est simulée par une pèlerine ou un peu d'étoffe terminée en pointe; ce dernier genre a, entre parenthèses, beaucoup de cachet, il dégage bien la taille, devant et derrière, et laisse juste la place nécessaire pour fixer un élégant pli Watteau pris sous le col Médicis. Donc, les pèlerines, berthes et jockeys seront très épaulés et très enlevés, de même que les petits collets et les demi-pèlerines plissées.

    Les mantes ne se font qu'en soie, en velours et en lainages souples ; ces derniers s'ornent aussi richement que la soie, avec des passementeries, des broderies d'or, des glands, des pampilles et des dentelles. Nous remarquons encore beaucoup de brandebourgs et d'agrafes retenant sur les épaules la pèlerine ou le collet, imités du petit manteau Henri II. Cette forme gracieuse, et surtout la façon de le porter, ont du style, quand la femme a une désinvolture élégante. Cette pèlerine ne se porte pas seule, elle est le complément d'un manteau quelquefois ajusté.

    Il est peut-être un peu tôt pour parler de la fourrure par ce temps radieux, mais comme ces garnitures ne s'improvisent pas, il faut bien en parler un peu d'avance. Les bandes de fourrures garniront les devants, le bas du manteau devant et jusque sur le côté. De petites bandes étroites borderont les cols Médicis, se mettront en bretelles ou feront fonction d'empiècement; quelle que soit la température, la fourrure à haute dose est décrétée obligatoire.

    La fourrure se verra sur les jaquettes, et nous annonçons bon nombre de basques garnies d'astrakan, et même des plastrons et gilets d'astrakan noir sont annoncés comme fourrures très appréciées ; le chinchilla, la zibeline, la loutre, le castor, le renard bleu et les renards de tout poil. Quant au thibet, on le destine à doubler douillettement les mantes.

    La redingote n'a pas disparu, malgré l'apparition des autres formes si multiples, on en fait toujours de jolies, et quelques femmes préfèrent ce vêtement à tout autre ; la manche est très épaulée, comme pour les autres vêtements. Pour les jarretières, il ne faut pas omettre les lois capricieuses édictées à leur sujet par la mode.' Nous avions, comme jarretière courante, la jarretière ronde en soie noire ou de couleur ; on nous donne, comme dernière nouveauté, les jarretières bordées de plumes, de coquilles de dentelle, avec noeuds de dentelle et petites aigrettes de plumes ; je ne garantis pas le côté pratique de cette innovation, qui fait penser aux poulettes huppées : la mode s'amuse de temps en temps. D'autres jarretières ont, comme noeud, un noeud de cravate Louis XIV, très mignon, bien entendu.

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