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    La mode

    D'ici à quelques semaines, et dès à présent déjà, commence cette période charmante si favorable aux femmes, où modes d'hiver et modes printanières se fondent dans un délicieux compromis.

    C'est généralement par la coiffure que se marque l'évolution vers la saison du renouveau. Petites capotes et grands chapeaux s'allègent de tous les ornements lourds et se parent des couleurs les plus séduisantes.

    Nous remarquons beaucoup de capotes en dentelle d'or, brodées de cabochons et de pierreries ; l'aigrette piquée droit, qu'elle soit en dentelle, en coques de ruban ou composée de crosses de plumes, prévaut sur les autres dispositions ; quant aux chapeaux ronds garnis de plumes, ils sont très mouvementés comme forme avec des bords retroussés, brusquement repliés ou ondulés, et, de plus, très variés dans la garniture des dessous, quand celle-ci est apparente ; on y met des résilles d'or, des galons et des dentelles brodées de perles, des ganses, de mignonnes torsades, ou encore quelque délicate fantaisie en plumes frisées à petites bouclettes courtes.

    Les pailles qui se préparent ne seront pas moins brillantes que les chapeaux et capotes agrémentés de fantaisies perlées ; la plupart sont ajourées, brodées finement comme une dentelle et garnies de cabochons et de pierreries Nous notons aussi des pailles d'or de formes très différentes, mais visant toutes à l'originalité ; il y en a de fort petites cachant à peine les cheveux, qui ne peuvent être classées ni parmi les toques ni comme capotes, encore moins sont-elles des chapeaux ronds ; on dirait une minuscule ombrelle posée sur le dessus de la tête sans cacher les cheveux ni devant ni derrière. L'ornement droit piqué au milieu du fond est fait de coques, d'un bouquet de plumes ou d'une touffe de fleurs faisant aigrette.

    Les fleurs couvriront les chapeaux de toutes formes, mélangées de rubans double face dans les nuances tendres, la teinte jaune paille, et d'ailleurs tous les tons dorés alliés à des couleurs claires, comme le bleu ciel, le cerise, certain vieux rose et la nuance giroflée, seront de mode.

    Le petit manchon de fantaisie remplace en ce moment le manchon sérieux et s'orne de noeuds, de plumes, en même temps qu'il se fleurit pareillement au corsage.

    C'est aussi l'heure par excellence des vestes et manteaux de haute fantaisie pour se montrer aux expositions mondaines qui se multiplient de tous côtés. Une mante, entre autres, a fait sensation dans les salons d'un de nos cercles les plus élégants.

    Elle était en soie «marquise ancien régime », on eût peut-être dit en ce temps « gorge de pigeon » : pour nous, c'est héliotrope glacé de vert avec doublure abricot rosé. L'empiècement, la petite patte, qui ajustait le dos, et le col Médicis étaient en drap blanc brodé de petites émeraudes, au milieu desquelles courait un vermicelle d'or. Un collier de plumes de coq changeantes bordait le haut, devant, rappelant les devants, ainsi garnis, d'une large bande.

    Parmi les vêtements courts ayant du style, il faut citer les mantelets à empiècement, ruches et capuchon, très ornés de passementeries, de pampilles et d'épaulettes brillantes.

    La dentelle noire entre comme élément aussi dans la plupart de ces petits vêtements. La dentelle blanche, qui a un grand cachet d'élégance, est employée également avec succès; elle est absolument charmante sur un mantelet de drap mastic. Cette dentelle, une vieille guipure Renaissance avec de larges fleurs mates, est rehaussée d'agréments d'or, de perles grises et de turquoises. Cette combinaison est harmonieuse au possible et bien dans la note prochaine.

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