La mode
Ah ! que nous sommes loin, Dieu merci, des corsages immuables dans leur coupe classique !
On dirait que la mode actuelle a été inventée pour mon unique plaisir, tant j'avais rêvé de fois à cette liberté de mettre les pinces où il plaît, ou de les supprimer, le plus souvent, pour tendre l'étoffe selon la fantaisie, fronçant le corsage au milieu, sur les épaules ou à la taille, ne considérant que ce qui fait le mieux pour le buste que l'on moule. Il n'y a plus de règle que le bon plaisir, étant admis, une fois pour toutes, que l'on ne s'adresse qu'à des femmes de goût qui ne commettraient ni faute ni maladresse.
Les basques rapportées, auxquelles on avait fait un peu la moue à cause de la jupe dont une grande partie se trouvait cachée derrière, ont varié aussi leurs effets et nous offrent des modèles où il n'y a rien à reprendre au point de vue de la grâce.
Notons, parmi les fantaisies les plus heureuses, la basque de dentelle et celle de broderie, qui ne cache ni le devant ni le derrière de la jupe et rappelle la grande poche Louis XV.
Je recommande tout particulièrement aux personnes un peu développées du côté des hanches, cette façon de porter la basque rapportée, qui dissimule le point fâcheux et coupe le profil d'avant en arrière, redoutable pour les élégantes qui n'abdiquent pas, quelles que soient les modifications que la maternité ou le temps apportent à leur taille. La femme ne perd ainsi rien comme stature, et la cambrure naturelle, si gracieuse depuis que les poufs ont disparu, se trouve encore accentuée.
Ces basques se porteront beaucoup cet été en petite guipure à picots, que le crochet imite si bien, et en broderie anglaise. La broderie blanche ou écrue sera d'ailleurs un des ornements les plus employés sur les robes de lainage léger, de foulard ou de sicilienne d'été.
Les hauts poignets, les empiècements et les ceintures châtelaine se feront, soit en broderie ajourée, soit en broderie au plumetis. Nous verrons également beaucoup d'entre-deux, ce qui amène naturellement les coulissés de ruban qui s'assortissent aux noeuds.
Parmi les fantaisies à rayures qui s'annoncent comme devant dominer, certaines dispositions seront utilisées pour former des bandes que l'on appliquera comme l'on a fait des galons, en quilles, en bordures de jupe, ou bien encore pour fixer la tête d'un volant ou serrer, en brassard, le bouffant d'une manche. Les encadrements de corsage, et ceux qui figurent le tablier sur le devant des robes, pourront être exécutés avec des bandes semblables.