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    La mode

    Ce serait banal de dire que l'on porte de la fourrure, puisque cette habitude est imposée chaque année par le retour de la saison d'hiver, s'il n'y avait pas, dans l'importance qui lui est donnée actuellement, une manifestation caractéristique de la mode. On en met à profusion sur tout, non précisément à cause de la chaleur qu'elle communique, mais en raison du cachet qu'elle imprime aux costumes et aux vêtements de toutes formes. Les robes d'intérieur même en sont garnies, et c'est un de leurs plus grands charmes; rien n'est adorable, en ellet, comme une robe de matelassé de soie, de peluche ou de soie brochée dans les nuances claires, coupée dans sa longueur par une bande de zibeline, de skungs ou de renard bleu fermant sur le côté ; le contraste fauve ou sombre de la fourrure sur la soie rose, crème, paille ou lilas, est des plus heureux et on ne peut plus suggestif, comme on dit maintenant.

    J'allais parler des plumes, qui jouent souvent aussi les grands premiers rôles, mais il vaut mieux épuiser le chapitre de la fourrure, afin de ne lien oublier.

    Cette question nous est souvent faite : Quelle est la fourrure à la mode? Mon Dieu, il y a des préférences, assurément; mais on peut affirmer que l'on se sert de toutes; les couturiers ne se trouvent jamais trop riches et n'ont garde maintenant de rejeter d'aussi précieux éléments. Selon l'effet à produire, on se sert de telle ou telle fourrure, ne considérant que le résultat artistique.

    L'astrakan qui, mal employé, peut être rigide, maussade, devient tout à fait charmant mis en bordure sur les vestes à la hussarde, sur les costumes en drap clair, en velours glacé changeant. La zibeline, la reine des fourrures de prix, décore, comme je l'ai dit, des costumes d'intérieur soyeux et très froufrou, auxquels la dentelle ne manque pas comme appoint. On la met en garniture sur les vêtements les plus divers : redingotes, jaquettes, collets, mantes, carricks, pelisses, et sur tous les élégants manteaux du soir, sorties de théâtre, mantelets de concert, etc. On la verra même sur les toilettes de bal les plus vaporeuses. Ainsi le veut la fée capricieuse qui mène le monde. Le renard bleu, très blond ou de ce gris nuage bleuté si séduisant, accompagne aussi les toilettes très élégantes. On tient compte de sa nuance pour l'associer de préférence à telle ou telle couleur ; la nuance blonde est exquise sur le mauve, le lilas et les tons ci-ï dahlia, et le renard bleu, gris bleuté, a du chic, beaucoup de chic, sur les tons, puissants ou délicats du vert, que je note en passant comme la couleur préférée pour les costumes de style. La loutre, dans ses divers tons, et le castor font de très jolies bordures dont le velouté est très seyant. On en met aux corsages et au bas des jupes, ainsi qu'auxgrandes pèlerines et aux grands cols étages des collets.

    Le renard noir s'emploie d'abord pour toutes les toilettes de deuil et demi-deuil élégantes et, par contraste, sur des vêtements et robes de couleur vive, rouge, bleu spahi, garance, et sur le beige très clair et le mastic.

    On ne peut pas dire que les plumes fassent concurrence à la fourrure; elles sont employées sur d'autres robes, nos grandes mondaines ne s'en tenant pas à deux ou trois robes : il leur faut toute la gamme des élégances, au grand contentement de toute la ruche laborieuse qui vit à Paris des industries de luxe. Nous voyons donc des jupes ornées de larges bandes de plumes ; de plus petites bordures se mettent aux corsages, aux manches, soit en bracelet sur celles-ci, ou en bordant le bas du haut poignet ; les corselets et les boléros en sont agrémentés aussi, et cela se termine par un gros collier-boa fermant le haut du corsage.

    Notons comme rappel que les jupes sont toujours droites, plates, sur les hanches, genre foureau devant, que la traîne soit ou non rapportée; celle-ci est petite, posant à terre de quelques centimètres pour les robes de promenade, les courses à pied et toutes les toilettes de jour sans cérémonie. On ne reprend la traine longue que pour les visites officielles, la robe de réception et les costumes de diner ou de soirée.

    La mode a une prédilection pour les belles étoffes, la soie, les brochés, épais de tissu autant qu'ils sont délicats dans leur nuance nacrée avec des reflets roses, verts, aurore, mauves. Les soies du genre pékiné ont aussi le plus grand succès, la rayure plus foncée provoquant presque toujours une garniture originale en velours, perles ou passementerie, faisant contraste. Les velours sont très variés dans leur couleur et leur disposition ; en même temps que le velours russe, il est apparu des velours rayés à petites côtes fines, puis des rayures bouclées et frisées comme l'extrémité de plumes, qui courent sur des fonds de soie de couleur tendre, qui sont ainsi veloutées légèrement ; on voit du noir et du loutre sur des tonds verf-pré, bleu pâle, rose, lilas, paille, orange, feu ou corail : tout cela est varié à l'infini. On ne garnit guère ces robes façonnées que d'un marabout, d'un bord étroit de fourrures ou de plumes. Il ne faudrait pas omettre, dans cette petite revue nécessaire des tissus, les velours écossais, plus à la mode que jamais.

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