L'explosion de la rue des Bons-Enfants
Une détonation formidable a mis en émoi tout le quartier de la Banque, dans la matinée de mardi dernier. L'immeuble situé au n° 21 de la rue des Bons-Enfants, et où se trouve le commissariat de police, venait d'être bouleversé de fond en comble. Les murs étaient lézardés et fendillés, toutes les vitres cassées, les portes et les fenêtres arrachées et projetées au milieu de la chaussée où elles formaient un amas de débris informes. La maison située vis-à-vis, et portant le n° 20, a été si ébranlée par l'explosion, que pas une vitre n'est restée intacte.
C'est un nouvel attentat des anarchistes. Une bombe déposée au siège de la Société de Carmaux, 11, avenue de l'Opéra, avait été apportée au commissariat par le gardien de la paix Réaux, accompagné de Garin, employé à la Compagnie de Carmaux.
A peine avaient-ils déposé l'engin, que se produisit une formidable explosion. On n'a retrouvé que des restes informes de quatre victimes : MM. Pousset, secrétaire du commissariat ; Formorin, sous-brigadier ; Beaux et Garin. La cinquième, l'inspecteur Troutot, est mort quelques heures après, des suites de ses horribles blessures.
Notre gravure représente l'aspect ,du commissariat après l'explosion. M. Lozé, prèfet de police montre du doigt à M. Loubet, président du conseil, les cadavres mutilés des innocentes victimes.
A gauche, notre dessinateur a rendu l'effet produit dans le mur extérieur par la dynamite; en haut, M. Girard, directeur du laboratoire municipal, fait au microscope les premières investigations sur la nature de la bombe. Enfin, la vignette de droite reproduit la triste cérémonie de la mise en bière.