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    Griselidis

    La Comédie-Française vient de représenter avec un grand succès une pièce en vers de MM. Armand Silvestre et Morand, intitulée Griselidis. Il y a dans ces trois actes d'admirables vers et des passages charmants, d'une véritable envolée poétique. Nous en donnons ci-dessous un délicieux échantillon.

    Le marquis de Saluce a épousé Griselidis, une simple pastoure, et il a eu d'elle un fils qui est encore en bas âge, quand il apprend que la guerre est déclarée et qu'il lui faut partir, laisser là sa femme et son enfant. On lui amène au moment du départ le petit Loys ; il l'embrasse et lui adressant la parole :

    Toi, dont pour le faix lourd des armes Je quitte le léger berceau, Enfantelet, pauvre arbrisseau, Avant la vie, apprends les larmes.

    Près de toi, c'était le bonheur ; Là-bas, c'est la souffrance amère, Cependant je quitte ta mère ; Avant la vie, apprends l'honneur.

    Qu'un baiser console et-caresse Celle qui te donna le jour. Garde-lui ta seule tendresse ; Avant la vie apprends l'amour.

    J'ai trois biens : mon amour, mon honneur et ma vie ; Mon amour, je l'emporte au profond de mon coeur, Croyant à ta parole, ô femme 1 et je confie Aux mains de Dieu ma vie, aux tiennes mon honneur.

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