Sommaire :

Causerie

L'éclatant succès de l'emprunt national a été le gros événement de la dernière huitaine. Lyon a dignement tenu son rang dans cette grande manifestation de notre crédit public.

Un détail assez peu connu, à propos d'emprunts nationaux. La première souscription publique de ce siècle fut ouverte sous la Restauration après l'expérience malheureuse que voici : Le gouvernement des Bourbons, qui avait débuté financièrement par une mesure révolutionnaire en tirant à vue sur les plus imposés pour cent millions de lettres de change remboursables en diminutions sur ies impôts futurs, fit, bientôt après, un emprunt de cent millions par l'intermédiaire d'une maison étrangère dont l'intervention coûta un peu plus de trente six millions, c'est-à-dire environ douze pour cent !

Le gouvernement royal se le tint pour dit et l'emprunt suivant fut directement offert au public.

Dans une situation analogue, après les commotions nationales les plus effroyables, après une guerre terrible suivie d'un démembrement, la troisième République réduite, elle aussi, à liquider les frais d'une invasion, dut réaliser dans les meilleures conditions possibles, le colossal emprunt de la libération du territoire.

M. Thiers lui-même en fut surpris.

Quand les résultats de la souscription lui furent communiqués, il ne put dissimuler son émotion, et il dit à M. Calmon qui se trouvait là :

Le pays n'a pas perdu confiance ; il est sauvé !

Pendant que les millions rutilants s'acheminent vers les coffres du Trésor, d'autres puissances, qui passent leur temps à nous faire les gros yeux, négocient péniblement des appels de fonds qui n'aboutissent pas...

L'un de ces Etats est si particulièrement obéré qu'il ne sait plus à quel saint se vouer. Il a contracté, ces jours-ci, un petit emprunt très onéreux avec une maison de banque qui, après mille façons, a fini par consentir, sans se dissimuler les dangers qu'elle court au point de vue de l'exact remboursement. Cette opération fait songer à celle d'un bohème du monde artistique qui écrivait dernièrement au financier R...

Je vais sans doute vous étonner, Monsieur, en vous demandant, sans vous connaître, un prêt de cinq cents francs.

À quoi le financier répondit gaiement :

Je vais vous étonner plus encore, Monsieur ; je vous connais et je vous prête la somme demandée!

Les financiers ne se distinguent, en général, ni par cet esprit, ni par cette générosité ; aussi, le trait mérite-t-il d'être noté.

Nous subissons un hiver rigoureux, mais c'est bien à tort que certaines gens s'imaginent qu'ils ont à souffrir d'un refroidissement tout à fait exceptionnel de l'atmosphère. Cet hiver est rude, assurément ; mais il y a eu beaucoup mieux en ce siècle, et dans notre pays même.

En 1830, on compta sur plusieurs points 28 degrés au-dessous de zéro ; toutes les rivières furent gelées, on les traversait en voiture. En 18-16, on ressentit à Pontarlier le plus grand froid observé en France depuis l'invention du thermomètre ; il dépassa 31 degrés ! L'hiver de 1853 et celui de 1871 furent cruels, aussi.

Mais les froids de nos climats ne donnent qu'une assez faible idée de ceux des régions septentrionales où la température s'abaisse jusqu'à 45 degrés. Au mois de janvier 1880, la glace du fleuve Saint-Laurent était si épaisse aux abords de Montréal, qu'on y posa des rails et qu'on y fit circuler des trains pendant plusieurs semaines afin de faciliter le trafic d'une rive à l'autre.

Quand je pense que certaines gens aiment les basses températures et disent avec conviction : Une belle gelée ! ou bien : Un bon petit froid qui vous pince le nez comme avec des ongles. . Le bon Dieu les bénisse et les congèle !

Vive le soleil, père de la vie, sous l'action duquel tout se réveille, s'anime, aime et s'épanouit dans la nature.

Pour toute floraison, l'hiver voit fleurir les rhumes éclatants, les engelures pourprées, les gracieux oreillons, les catarrhes poétiques et les pleurésies aux tons pâles que les médecins, ces horticulteurs attentifs, arrosent avec des tisanes.

On a bien raison de dire en parlant d'une chose triste, qu'elle a «jeté un froid.»

La Chambre des députés va avoir à examiner tout un assortiment de projets de loi présentés depuis longtemps, et notamment celui de M. Rivet sur la recherche de la paternité.

On en causait hier dans le monde où l'on s'amuse.

Bonne affaire pour toi, ma chère, disait une chanteuse du Grand-Théâtre à l'une de ses amies ; tu vas pouvoir faire reconnaître ton fils par son auteur. Je ne demanderais pas mieux, chère belle, mais ce n'est pas commode. Il faudra que je commence par reconnaître le père. Bah ! tu le tireras au sort, en mettant tous les noms dans un chapeau !
droit d'utilisation : Licence Ouverte-Open Licence

Retour