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    M. de Giers

    Cette semaine est arrivé à Paris le ministre des affaires étrangères du tsar Alexandre III. M. de Giers vient de Wiesbaden où il a fait une saison; auparavant il était en Italie, où il a vu le roi Humbert, à Monza, dans une entrevue d'où les plus subtils hommes d'Etat comme les plus fins informateurs ne tiennent pas encore le dernier mot. M. de Giers a soixante-onze ans: il est né en 1820, en Finlande. Sa famille est d'origine suédoise. C'est un diplomate de carrière. Dès l’âge de dix-huit ans, à sa sortie du lycée impérial de Tsarkoe-Selo, il entrait au ministère en qualité d'attaché. Il grandit, peu à peu, fil apprécier dans des missions diverses la précision de son esprit et la rectitude de son jugement.

    Quand le prince Gortshakoff, qui dirigeait la politique extérieure russe, vint à manquer, il y a environ dix ans, le tzar choisit M. de Giers pour succéder au prince. On interpréta ce choix, dans toute l'Europe, comme une affirmation de l'indépendance du souverain à l'égard des tendances panslavistes qui paraissaient dominer dans son entourage et que représentait plus spécialement le comte Ignatieff. M. de Giers était, en effet, un pacifique, un « tranquille », et les années d’entente entre les trois empereurs de Russie, d'Allemagne et d'Autriche, les années de cette ancienne triple alliance renouvelée tous les étés par des entrevues de monarques ou de ministres, ces années, disons-nous, ne furent pas déplaisantes aux tendances personnelles de M. de Giers.

    Mais M. de Giers est, avant tout, un bon serviteur du tsar. Et c'est, en réalité, le tzar qui fut toujours son propre ministre des affaires étrangères.

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