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    La Comédie-Française vient de perdre avec Thiron l'un des plus fins et des meilleurs comédiens de nos jours.

    Il y a trois ans déjà qu'il avait du renoncer au théâtre où il parut pour la dernière fois dans la charmante comédie de Musset : On ne badine pas avec l'amour. Pris d'un étouffement, au cours de de la représentation, on dû l'emporter sans connaissance, et depuis lors le mal a fait son oeuvre, un mal cruel qui l'emporta après l'avoir longuement miné. Thiron avait passé rapidement à la Comédie-Française à sa sortie du Conservatoire, et n'y ayant point réussi, il entra à l'Odéon où ses admirables qualités scéniques se développèrent rapidement. Rappelé sur la scène de ses débuts en 1868, il s'y fit une place très spéciale et chacune de ses créations lui valut un triomphe.

    Tout le monde a encore présente à la mémoire l'exquise finesse qu'il mit, pendant vingt ans (1868-1889), au service des rôles les plus divers, depuis le marquis de Mademoiselle de la Seiglière et cet étonnant baron d'On ne badine pas avec l'amour jusqu'au Van Buck d'il ne faut jurer de rien et au Valet du Gendre de M. Poirier, sans compter dans le répertoire, ses rôles de Sosie, d'Argan, de Bridoison, ses reprises du Marquis de Villemer, de Philiberte, des Effrontés, de Bertrand et Raton, et ses créations de L’Eté de la Saint-Martin, L’Etrangère, Daniel Rochat, la Princesse de Bagdad, Francillon, etc.

    La Comédie-Française fit une très grande perte quand les forces de l'excellent artiste le trahirent. Sa place y est restée vide ; il y a lieu de croire que c’est pour longtemps.

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