LES POLONAIS.
Prisonnier depuis les événemens qui ont ensanglanté notre ville , ce n'est que vendredi seulement que j'ai senti tout le prix de la liberté. La deuxième colonne polonaise passait à Lyon , et je n'ai pu la voir ! je n'ai pu me joindre aux nombreux amis des libertés publiques qui , dans un banquet, ont fête l'union de la Pologne à la France. Je n'ai pu mêler ma sympathie aux nobles sympathies qu'a provoquées M. Gilibert dans une allocution pleine d'ame et d'onction ; je n'ai pu entendre cette voix mâle et énergique de M. Lortet, cet accent de la conviction qui émeut. Que tous mes juges ne se trouvaient-ils là , je serais libre à cette heure ! Lyonnais, vous tous qui sentes battre votre coeur aux grandes choses , aux idées généreuses , plaignez-moi , et pardonnez à un captif de mêler des larmes à l'enthousiasme de cette fête populaire; c'est ma seule offrande au malheur , en attendant le jour où je pourrai lui donner mon sang.